J’interviens auprès des « écrivains – patients » de la maison Yvonne Aimée, de la clinique des Augustines de Malestroit, en tant qu’écrivaine publique.
Mon goût, mon appétence pour le respect de la dignité humaine, parfois, malmenée lors du parcours de soin, m’ont conduit à proposer ce service.
J’accompagne les patients désireux de mettre en mots un récit, un événement de vie ou les souvenirs qu’ils souhaitent exprimer.
La trace écrite est, tout d’abord, le fruit de son auteur, il s’agit de la concrétisation rédigée d’une idée, de ressentis, de sensations présentes ou passées. Ce peut être un message adressé, à travers une lettre, à un destinataire choisi et désiré.
Je rencontre l’écrivain-patient qui me livre ses souhaits rédactionnels : un sujet, un portrait, un témoignage, une lettre et je l’aide à organiser son approche littéraire. Ma quête permanente : la fidélité à ses mots, son style…
L’écrivain-patient n’a pas besoin d’être lettré ou d’avoir une compétence particulière pour écrire. Sa motivation et sa compétence résident dans sa volonté de se saisir de sa liberté à dire, exprimer et relater son récit. Il s’exprime majoritairement à l’oral, je suis là pour retranscrire à l’écrit ses idées.
A chaque nouvelle séance, il relit ou je luis lis le texte que j’ai pris soin de retranscrire, il modifie à l’envie celui-ci et nous avançons mots à mots, dans le respect et la confiance.
Un atelier d’écriture, c’est permettre au patient de se saisir de son pouvoir d’agir. C’est respecter sa dignité. C’est ouvrir un espace de liberté, grâce à l’expression orale et l’expression écrite.
Ce sont souvent des moments joyeux qui permettent de s’éloigner, momentanément, du quotidien médicalisé.
C’est une proposition qui peut ponctuer un parcours de soin, et peut-être même, avoir une visée de mieux-être, d’échappatoire ou d’apaisement. Je crois que tout être humain mérite notre attention, je crois que nos mots soignent et libèrent certains maux.
Quand la philosophie d’une unité de soin telle que la Maison Yvonne Aimée met en mouvement ce type de proposition, grâce au financement de la Vannetaise, je me dis que nous participons à respecter la vie et l’Homme.
Plus d’infos ? contactez le 06 50 59 45 11 ou remplissez le formulaire contact du site en me laissant vos coordonnées.

Quand le malheur entre en effraction dans le psychisme, il n’en sort plus. Mais le travail de l’écriture métamorphose la blessure grâce à l’artisanat des mots (…) L’objet écrit est observable, extérieur à soi-même, plus facile à comprendre. On maîtrise l’émotion quand elle ne s’empare plus de la conscience. En étant soumis au regard des autres, l’objet écrit prend l’effet d’un médiateur. Je ne suis plus seul face au monde, les autres savent, je leur ai fait savoir. En écrivant , j’ai raccommodé mon moi déchiré ; dans la nuit, j’ai écrit des soleils.
Boris Cyrulnik